Mariana | ||
![]() Vestiges archéologiques | ||
Localisation | ||
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Pays | ![]() |
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Coordonnées | 42° 32′ 48″ nord, 9° 25′ 05″ est | |
Géolocalisation sur la carte : France
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Mariana a été une colonie romaine dans la province romaine de Corse (dans la commune actuelle de Lucciana) avant de devenir un évêché puis une pieve de l'en « Deçà des Monts », territoire correspondant à peu de chose près à l'actuel département de Haute-Corse.
Bien avant l'empire romain, il y avait en Corse deux colonies romaines : Mariana fondée par Marius et Aléria par Sylla. Si nous en croyons Sénèque, il s'agirait de colonies de citoyens romains (civium Romanorum coloniae).
Dans son ouvrage La Corse dans l'Antiquité et le Haut Moyen Âge, Xavier Poli pense que « la colonie militaire de Mariana, fondée par Marius, vers l'an 100 avant Jésus-Christ, sur l'emplacement de Nicaea, a dû essaimer de bonne heure, puisque Ptolémée nous apprend que sur la côte occidentale se trouvait le promontorium et oppidum Marianum, comprenant le domaine de Campo-Moro et le territoire de la commune de Grossa, régions dans lesquelles nous trouvons le nom significatif de Mariana ».
Gregori, historien corse comme l'étaient Cyrnæus, Giustiniani, Anton Pietro Filippini, Limperani, etc., avec son incontestable compétence écrit Poli, pense que Mariana était une colonie civile et Aléria une colonie militaire. Pour lui, Mariana ne peut être classée parmi les colonies militaires puisque, à sa connaissance, leur création ne daterait que de Sylla.
Il est cependant vraisemblable qu'Aleria était une véritable colonie au statut juridique régulier ainsi qu'en témoigne sa titulature, tandis qu'aucune source ne permet de conclure que Mariana était autre chose qu'une colonie « irrégulière » et non reconnue par le Sénat fondée par un général, Marius.
Le site était habité par « les Mariani dont le territoire répondait aux anciens pays de Marana et de Moriani, étaient des colons romains. Ils représentaient les conquérants, dans toute leur avidité. Peu à peu ils ont refoulé les indigènes vers les hauts plateaux ». À l'Ouest des Mariani, les Licnini (Casacconi ?) occupaient le bassin moyen du Golo.
Au sud, entre les colons de Mariana et ceux d'Aléria, les Opiniy occupaient le territoire d'Opino.
Outre le fait qu'ils soient de bons cavaliers et bons fantassins, les Corses étaient aussi d'excellents marins. Aléria et Mariana étaient deux stations de la flotte de Misène dans l'île. Un triérarque des galères exerçait le commandement de la flottille. Avec le temps les colonies de Mariana et d'Aléria sont devenues des écoles d'agriculture pour les peuplades voisines.
Ptolémée plaçait Aléria et Mariana, sur les bords de la mer. De nos jours, ces deux villes se trouvent à 3 kilomètres environ à l'intérieur des terres, sur la commune de Lucciana, à 1 km de l’ aéroport international de Bastia Poretta.
Sur ses cartes topographiques, l'emplacement de Mariana oppidum est indiqué sur le Golo.
Il est admis qu'au IIe siècle de notre ère, Mariana et Aléria étaient encore des ports de mer et que la partie de la côte orientale corse, comprise entre les embouchures du Fium'Alto et du ruisseau San Regino, s'étendait du Sud au Nord, suivant la ligne San Pellegrino, Cardice, Mariana, Campo d'Agnello et l'embouchure du Bevinco.
Autre nom de lieu mentionné par Ptolémée dont l'emplacement est indiqué par les cartes topographiques : Vagum promontorium (Var. Anagum). Ce lieu est généralement identifié avec la Pointe d'Arco.
Les fouilles conduites de 1958 à 1967 par Geneviève Moracchini-Mazel, auteur de la découverte du complexe paléochrétien (église et baptistère) et de l'église funéraire de San Parteo voisine, ont permis d'exhumer au sud de l'actuelle cathédrale, la seule partie aujourd'hui visible de l'habitat antique.
Aux IIe et IIIe siècles la ville qui s'étend sur une trentaine d'hectares, est protégée par un rempart délimitant un espace de plan légèrement trapézoïdal. Les vestiges visibles de nos jours appartiennent à un quartier excentré de Mariana. Celui-ci s'organise autour d'une voie à portiques orientée est-ouest. Le découpage urbain, avec des rues et des quartiers orthonormés, est organisé autour de deux axes principaux, un cardo (axe nord-sud) et un decumanus (axe est-ouest). Cette voie concentre une partie des activités marchandes abritées des intempéries grâce aux portiques. [...] Les nécropoles étaient situées hors de la ville.
Au milieu du VIe siècle un complexe chrétien est érigé à Mariana, le long de la voie antique à portiques, avec basilique et baptistère, boutiques et habitations. Détruite par les Vandales et les Lombards, la basilique épiscopale fut reconstruite à l'époque romane.
La cité de Mariana est classée Monument historique par arrêté du 27 juin 1991.
À la fin des années 1990 une équipe d’archéologues dirigée par Philippe Pergola a repris l’étude du site. En 2007, le responsable des fouilles décidait d’arrêter les recherches.
Pour la chrétienté catholique, c'est sur ce site que fut fondé, sans doute au IVe siècle, le diocèse de Mariana soit l'un des premiers de Corse. Il fut créé en lien direct avec le Saint-Siège puis mis sous la gestion de Pise en 1092 et de Gênes en 1130.
Le site fait l'objet d'un projet de valorisation avec création d'un musée de site, labellisé Musée de France. La commune avait espéré une participation de la Principauté de Monaco dans le financement de l'opération au titre d'un mécénat. Sainte Dévote, honorée dans les deux communes, a permis de tisser des liens particuliers (jumelage).
En janvier 2006, des fouilles archéologiques, sur le site de Mezzana, à 3 km de Mariana ont permis de découvrir une petite nécropole rurale du IIIe siècle, pouvant avoir une relation avec un petit établissement agricole repéré à proximité.
Les recherches en cours, qui accompagnent le projet de création d'un musée de site, intéressent l'archéologie du bâti ou recourent au magnétomètre pour révéler de manière non intrusive les quartiers urbains en proximité du complexe proche de la cathédrale.
En 2017, une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), dirigée par Philippe Chapon, exhume à Lucciana le premier Mithraeum (sanctuaire dédié au culte de Mithra) identifié en Corse.
Aucune route ne sillonnait l'île presque impraticable, avant l'établissement de la voie qui reliait Mariana à Palla (identifié par la plupart des géographes avec Bonifacio), en longeant la côte orientale. La voie romaine de Mariana à Palla une route empierrée (ou chiappata) décrite par l'itinéraire d'Antonin, ne figure pas sur les tables de Peuttinger ; sa construction est donc postérieure au règne d'Auguste.
Dès 46, Saint Pierre envoie des missionnaires en Corse. En 59 saint Paul de Tarse parti de Rome pour Narbonne, fait escale à Aléria, Mariana, Clunium, Tamina, Arena (Ersa) et nomme son disciple Eubolus évêque d'Aléria, Parteu évêque de Mariana, Martino Tomitano évêque de Tomino, son disciple Eufrasiu évêque d'Ajaccio… Vers l'an 400 la Corse comptait une quinzaine de diocèses.
Le Christianisme s'installe rapidement en Corse. La christianisation a de fait, débuté au Ve siècle sous l'impulsion des évêques catholiques d'Afrique du Nord exilés en Corse par les Vandales qui l'ont dominé de 429 à 530. La Corse était la province la plus septentrionale de leur royaume.
Mariana fut le siège d'un des premiers évêques de l'ile. Il est problématique de connaître le nom d'évêques avant le VIe siècle. Ughelli cite bien un Catonus, évêque de Mariana, comme ayant assisté au synode d'Arles (314).