La Legio VI Hispana (litt : Sixième légion espagnole) fut possiblement une légion de l’armée impériale romaine ayant existé soit aux Ier et IIe siècles, soit au IIIe siècle. Toutefois la rareté des sources et la possibilité que les inscriptions sur lesquelles s’appuient les preuves de son existence soient erronées ont conduit divers historiens à mettre en doute la réalité de son existence ou à suggérer qu’il y ait eu confusion avec les légions VII Gemina ou IX Hispana.
Seules quelques inscriptions attestent l’existence de la Legio VI Hispana :
1. AE (2003) 1014 et sept autres inscriptions similaires trouvées à Corinthe honorant la mémoire de Tiberius Claudius Dinippus, décrit comme un tribun militaire de la « VI Hispana » (appelée « VI Hispanensis » dans trois de ces inscriptions). Texte : « LEG VI HISP ». Date : règne de Néron (54-68).
2. CIL III 8069 : Estampille sur brique de Dacie (Szent Mihaly, Hongrie). Texte : « LEG VI HIS ». Date : incertaine.
3. CIL V 4381. De Brescia, Italie. Texte : [LE]G HI///// ». Date : vers 100.
4. Inscriptiones Aquileiae I. 310. De Aquileia en Italie du Nord. Autel votif. Texte : « (Dedié) au dieu invincible Mithras. Lucius Septimius Cassianus, porte-enseigne de la légion IIIIII Hispana, agissant pendant le lustrum du centurion en chef Publius Porcius Faustus, accomplit librement ce vœu en l’honneur du (dieu) qui le mérite ». Date : 244-248.
Il est à peu près certain qu’il n’existait aucune Legio VI Hispana pendant le règne de Septime Sévère (r. 193-211). Deux listes des légions existant au cours de ce règne nous sont parvenues, l’une inscrite sur une colonne de Rome (CIL VI, 3492) et l’autre, énumérant les légions existant « à ce jour » écrite par Dion Cassius dont l' Histoire romaine fut rédigée vers 210-232 (Histoire romaine, LV. 23-24). Ces deux listes doivent être datées des environs de 194 puisqu’elles mentionnent toutes deux les trois légions « Parthica » créées par Sévère cette année-là. Les deux listes donnent une énumération identique des trente-sept légions en existence. Dès lors, si une Legio VI Hispana avait effectivement existé, ceci aurait été avant ou après le règne de Septime Sévère.
Au XIXe siècle, l’historien allemand Theodor Mommsen, soutint que la « IIIIII Hispana » mentionnée dans l’inscription d’Aquileia pouvait avoir été une erreur d’orthographe pour « IX Hispana », celle-ci étant souvent gravée : « VIIII Hispana ». Le sculpteur aurait alors gravé « II » au lieu de « V ». Toutefois, il n’existe actuellement aucune preuve que la IX Hispana ait existé après 120. L’historien Sauveur mit de l’avant en 1918 que l’estampille sur brique indiquant « VI Hispana » pouvait avoir été une erreur au lieu de « VII Gemina », laquelle fut, de 70 jusqu’au IVe siècle la seule légion impériale stationnée de façon permanente en Espagne. Sauveur attribue également l’inscription de Brescia à la VI Victrix qui fut stationnée en Espagne pendant près d’un siècle (29 av. J.-C. – 70 ap. J.-C.) et aurait pu s’être vue attribuée le cognomen de « Hispana » à cette époque. Mais il n’existe aucune preuve que la VI Victrix ait jamais été connue comme portant ce surnom.
L’existence de la Legio VI Hispana demeure incertaine. La thèse de Seyrig est basée sur quelques preuves douteuses. Bien qu’elle ne soit pas impossible, l’existence de cette légion au IIIe siècle ne repose finalement que sur une seule inscription, celle d’Aquileia, et de sa datation.