La Legio II Italica pia fidelis (litt : la Deuxième Légion d'Italie, loyale et fidèle) fut une légion de l’armée romaine créée vers 165 sous Marc Aurèle en même temps que la légion III Italica pour renforcer les légions du Danube pendant les guerres contre les Marcomans. Elle fut stationnée jusqu’en 170 en Dalmatie après quoi elle fut transférée dans le Norique jusqu’à sa dissolution vers le milieu du Ve siècle.
Sous la direction de Publius Helvius Pertinax, le futur empereur, elle fut chargée avec la Legio I Adiutrix et la III Italica de protéger les provinces de Rhétie et du Norique contre les Marcomans. Pendant dix ans elle fut stationnée en différents endroits sur le Danube jusqu’à ce qu’elle s’établisse à Lauriacum vers 180.
Après la mort de Pertinax, la légion se rangea aux côtés de Septime Sévère qu’elle accompagna dans sa marche sur Rome, puis dans ses campagnes contre les usurpateurs Pescennius Niger et Clodius Albinus.
Au IIIe siècle, elle prit part aux guerres de Maximien en Dacie et à au moins une campagne contre les Visigoths. Elle se rangea du côté de l’empereur Gallien dans sa lutte contre son rival Postumus.
Dioclétien créa une nouvelle légion, la I Noricorum pour aider la Legio II Italica dont, une génération plus tard, un détachement fut transféré à Cologne-Deutz, détachement qui devint la Legio II Italica Divitensium, laquelle joua un rôle important aux côtés de Constantin dans la bataille du pont Milvius.
L’emblème de la légion était la louve du Capitole, qui selon la légende aurait allaité les jumeaux Romulus et Remus, rappelant ainsi que la légion avait été créée conjointement par l’empereur Marc-Aurèle et par son frère Lucius Verus qui menait alors la guerre contre l’empire parthe. On retrouve cet emblème sur des pièces de monnaie frappées sous Septime Sévère et Gallien pour reconnaitre la loyauté de la legio II Italica (voir illustration ci-après).
Jusqu’à la création de la légion, le Norique (Noricum) était une provincia inermis, c’est-à-dire sans protection militaire et était gouvernée par des procurateurs impériaux de rang équestre (procurator Augusti provinciae Noricae). Le commandant de la légion ou legatus legionis, de rang sénatorial, était le gouverneur de la province avec un mandat habituel de deux ans. Le premier titulaire connu de ce poste fut Gaius Memmius Fidus Julius Albius en 190/191. Il disposait pour l’administration et la logistique d’un impressionnant état-major et résidait au camps militaires de Lauriacum (Enns; district de Linz-Land en Haute-Autriche.) et d’Ovilavis (Wels; Haute-Autriche).
Les troupes constituant l’armée du Danube ayant dû, en bonne part, être déplacées pour participer à la guerre contre les Parthes de 161 à 166, l’empereur Marc Aurèle ordonna la levée de deux nouvelles légions dans l’Italie du Nord et lui donna pour mission de protéger la Haute Italie, la Dalmatie et la région des Alpes orientales envahies régulièrement par les Marcomans, les Quades et les Iazyges qui envahissaient régulièrement les provinces danubiennes de Rhétie, de Pannonie, de Mésie, de Dacie et du Norique, provinces déjà durement éprouvées par la « peste antonine ». Le surnom de la nouvelle légion II fait croire que les recrues venaient principalement de la Haute Italie .
La création (dilectus) des deux nouvelles légions fut confiée à Marcus Claudius Fronto, Gnaeus Iulius Verus et Tiberius Claudius Proculus Conelianus. Fronto ayant été consul fin-165, début 166, on doit conclure que le recrutement débuta à la fin de l’automne 165. Les deux empereurs, Marc Aurèle et son frère d’adoption Lucius Verus ayant leur quartier général près d’ Aquileia (province d'Udine, nord-est de l’Italie moderne), il est vraisemblable que l’entrainement des nouvelles recrues en provenance surtout d’Italie et du Norique se fit à cet endroit sous la supervision personnelle des deux Augustes.
En raison de l’épidémie qui commençait à se propager, la légion ne put compléter immédiatement ses effectifs et dut, pendant un certain temps, jouer le rôle de commando spécial dans l’arrière-pays, protégeant les contreforts des Alpes, le Norique, la Pannonie et, surtout, l’Italie contre les attaques des tribus du nord. N’ayant pas encore de quartier général fixe, les unités étaient réparties en différents endroits. La présence de légionnaires de la II Italica est attestée à Poetovio, Pula et d’autres lieux, quoique la date exacte de leur séjour ne puisse être déterminée .
La légion fut d’abord commandée par Quintus Antistius Adventus qui reçut en 168 le titre de leg(atus) Aug(ustus) ad praetenturum Italiae et Alpium. Après la mort subite de son coempereur Lucius Verrus en 169, Marc Aurèle dut retourner à Rome, non sans avoir toutefois pris les dispositions nécessaires pour l’offensive, planifiée depuis longtemps, contre les tribus trans-danubiennes. À cette fin, la légion fut relocalisée quelque peu plus au nord où elle construisit son premier camp connu à Locica (aujourd’hui Ločica en Slovénie). Dès avant 170, elle s’était méritée le surnom (cognomen) de pia (loyale). Celui-ci fut progressivement remplacé à partir de 191 par celui d’ Italica. En 170, un détachement de cette légion en compagnie d’autres détachements de la Legio III Italica, participa à la construction d’un mur de 60 m des fortifications de la ville portuaire de Salona en Dalmatie (aujourd’hui Solin en Croatie) comme en témoigne l’inscription suivante :
L’année suivante, des tribus marcomanes et quades franchirent le Danube et poussèrent à travers les Alpes juliennes jusqu’en Haute Italie où elles détruisirent Opitergium (Oderzo) et vinrent assiéger Aquileia. Plus à l’est, Iazyges, Roxolans et Sarmates conjuguèrent leurs forces et traversèrent également la frontière, certains d’entre eux poussant jusqu’au cœur de la Grèce. Pour empêcher leur progression, la légion fut déplacée en 172 jusqu’aux contreforts des Alpes orientales. Marc Aurèle prit lui-même le commandement des opérations et établit son quartier général à Carnuntum . Sous le commandement de Claudius Pompeianus et de Helvius Pertinax, la légion prit part aux guerres marcomanes; au prix de grands efforts la légion réussit à les repousser au-delà du Danube et progressa jusque-là où ils étaient établis en 193. C’est au cours de ces combats que se produisit le phénomène de la « pluie miraculeuse » , qui permit de libérer la Legio I Adiutrix assiégée par les Quades . Une légion de Pannonie ayant pris part au combat, on peut en déduire que c'était la première fois que la Legio II Italica s'avançait jusqu’au Danube.
Vraisemblablement, la légion ne demeura que quelque temps à Ločica puisque dès 174/175, elle était de retour avec l’Ala Antoniniana dans son camp originel, à Albing, en Norique. Elle y était alors sous le commandement du legatus leg II Italicae et alae Antoninianae Quintus Herennius Silvius Maximus. Marc Aurèle mourut le 17 mars 180 et son successeur, Commode (r. 180-192) négocia avec les Marcomans et les Quades un traité qui, en leur laissant le contrôle des territoires au nord du Danube, en faisait avec les Narisques et les Cotines, une "chaîne" de "clients" chargés d'assurer une première ligne de protection de la frontière danubienne. La situation militaire se détendant, la légion put retourner en Norique et s’y consacrer à d’importants travaux de construction.
En 193, quatre empereurs se succédèrent sur le trône. À la mort de Commode, Pertinax fut élu par le Sénat de Rome le 1er janvier. Assassiné en avril par les prétoriens, il fut remplacé par Didius Julianus, rejeté par la foule, le Sénat et les forces armées de province qui proclamèrent empereurs Septime Sévère en Pannonie, Pescennius Niger en Syrie, et Clodius Albinus en Bretagne. La Legio II Italica prit le parti de Septime Sévère et participa avec la Legio II Pia Fidelis à sa marche sur Rome. Elle en fut récompensée par le cognomen de fidelis (fidèle). Pour éviter le sort de son prédécesseur, Septime Sévère licencia la garde prétorienne, toujours prête à se révolter, et se constitua une nouvelle garde dans laquelle furent recrutés des éléments de la Legio II Italica. Un peu plus tard, Septime Sévère utilisa la légion avec succès dans sa guerre contre les Parthes. Un détachement l’accompagna également en 208-211 dans sa dernière campagne contre les Calédoniens dans le nord de la province de Bretagne, campagne pendant laquelle il mourut.
Vers le milieu du IVe siècle, divers détachements étaient affectés à des tâches hors de la légion :
Stationnées en Secundarum Pannonie :
Au début du Ve siècle les unités suivants de la Legio II Italica et leurs officiers étaient sous les ordres du Dux Pannoniae Primae et Norici Ripensis: