La Legio III Cyrenaica fut une légion romaine fondée vers 36 av. J.-C. L’existence de la Legio III Cyrenaica est attestée pour la première fois dans les sources en 30 av. J.-C. lors de la bataille d’Actium. Après la victoire d’Octave, la légion fut d’abord stationnée en Haute-Égypte près de ce qui est aujourd’hui Luxor. Elle fut déplacée vers la Basse-Égypte entre 7 et 9 apr. J.-C., où, de Nicopolis, elle eut avec la Legio XXII Deiotariana la mission de surveiller la ville voisine d’Alexandrie, source fréquente de rébellion contre le pouvoir romain.
La province d’Égypte étant toutefois une partie de l’empire relativement calme, la légion participa à de nombreux travaux de construction tels que routes, aqueducs, arcs de triomphe, etc. Certains de ses détachements participèrent à des campagnes à l’extérieur des frontières de la province comme ce fut le cas en 39/40 lorsqu’un détachement se rendit en Gallia Belgica pour préparer l’invasion de la Grande-Bretagne.
Lors de l’Année des quatre empereurs, la légion fut parmi les premières à appuyer Vespasien et participa, sous les ordres de son fils, Titus, au siège de Jérusalem en 70.
Après l’occupation du royaume de Nabatène et sa transformation en province romaine, la légion fut transférée vers la Syrie d’aujourd’hui et fut cantonnée à Bosra.
À partir de 115 et jusqu’en 135, la légion fut régulièrement utilisée pour lutter contre les rebelles lors des grandes révoltes juives en Judée, en Égypte et en Cyrénaïque.
Elle prit part à la campagne de Caracalla contre les Parthes et, après que Valérien eut été fait prisonnier par leurs successeurs, les Sassanides, la légion tomba comme toute la région au pouvoir des autorités de Palmyre qui avaient proclamé leur indépendance, face à l’incapacité du pouvoir romain de défendre la Syrie.
On perd la trace de la région après la reconquête de la région par Aurélien; elle était toutefois encore en existence au début du Ve siècle alors que la Notitia Dignitatum note sa présence à Bosra sous les ordres du Dux Arabiae.
On ignore quel était l’emblème de cette légion. Sa divinité tutélaire était le dieu Ammon-Zeus ou Jupiter Hammon (un Jupiter portant des cornes de bélier), divinité traditionnelle de la Cyrénaïque et de l'oasis d'Ammon (Siwa, Égypte).
La date et les motifs ayant conduit à la création de cette légion sont incertains. Il est possible qu’elle ait été créée par Lépide (Marcus Aemilius Lepidus) alors que celui-ci était gouverneur de Cyrénaïque (43-36 av. J.-C.) ou par le successeur de celui-ci, Marc Antoine (36-31 av. J.-C.) . Toutefois, cette hypothèse ne repose que sur le cognomen "Cyrenaica" qui peut indiquer l’origine des légionnaires mais aussi une victoire importante remportée par la légion. Il est également possible qu’elle ait hérité de ce surnom sous Auguste, grâce à la bravoure de l’une de ses cohortes comme ce fut le cas des unités auxiliaires I Lusitanorum Cyrenaica et de la cohorte II Hispanorum Scutata Cyrenaica. Le mot Cyrenaica est orthographié de diverses façons dans les textes, mais est généralement abrévié CYR.
La première apparition de la légion attestée dans les sources date de 30 av. J.-C. alors qu’après la bataille d’Actium, Octave se rendit en Égypte qu’il annexa la même année. Après la conquête, la Legio III Cyrenaica demeura en Égypte et fut probablement stationnée à Thèbes (aujourd’hui Luxor) en Haute-Égypte, où la présence de légionnaires est attestée à Berenice et près des carrières de pierre de la Thébaïde.
Dans les années 26/25 av. J.-C. la légion prit part à la désastreuse campagne du deuxième préfet d’Égypte, Aelius Gallus (préfet 26-24 av. J.-C.), en Arabie heureuse (le Yémen actuel). Mal guidée et peu préparée à un environnement hostile, cette expédition tourna au désastre et quelque 10 000 légionnaires y perdirent la vie.
Pis encore : profitant de l’absence de la garnison romaine, le royaume nubien de Méroé attaqua la Haute-Égypte. Les Romains contrattaquèrent de 25 à 21 av. J.-C. sous la conduite de Publius Petronius, préfet d’Égypte dont les légions remontèrent le Nil et envahirent la Basse-Nubie (sud de l’Égypte/nord du Soudan) jusqu’à Napata, ancienne capitale des rois de Méroé. La deuxième expédition menée par Publius Petronius parvint à stabiliser la situation sur la frontière entre la Nubie et l’Empire romain.
Entre les années 7 et 9 ap. J.-C., la légion fut déplacée vers Nicopolis, près d’Alexandrie en Basse-Égypte, fondée par Octave en 24 av. J.-C. pour commémorer sa victoire finale sur Antoine; elle y partagea une « double forteresse » avec la Legio XXII Deiotariana . Les deux légions avaient comme mission d’une part de voir au bon acheminement du blé destiné à Rome, et d’autre part de protéger cette métropole géante contre tout péril extérieur tout en surveillant sa population prompte à l'émeute et partagée par des divisions sociales, ethniques et religieuses. C’est ainsi qu’en 38, un détachement de la légion du mettre un terme à la violence antisémite qui éclata à Alexandrie.
L’Égypte étant une province impériale, interdite aux sénateurs sauf autorisation explicite, les deux légions étaient aux ordres non d’un sénateur, mais du « praefectus exercitus qui est in Aegypto » (litt : le préfet de l’armée qui est en Égypte) qui appartenait à la classe des chevaliers . Divers détachements, généralement d’une cohorte (environ 480 légionnaires ch.) ou plus, furent stationnées à travers l’Égypte pour participer à des travaux publics comme routes, citernes, etc., ou pour surveiller des carrières de pierre. L’un de ces détachements conjoints des deux légions construisit en 90 une route reliant Koptos à la mer Morte.
À d’autres occasions, lorsque la situation intérieure était relativement calme, des détachements furent envoyés en renforts, dans d’autres parties de l’empire. C’est ainsi qu’en 39/40, un détachement fut envoyé à Tongeren dans la Gallia Belgica durant le règne de Caligula (r. 37-41) en prévision de l’invasion de la Grande-Bretagne; elle devait, semble-t-il, organiser la logistique et le ravitaillement des forces de débarquement.
Un autre détachement fut mis en 58 à la disposition du général Gnaeus Domitius Corbulo pour prendre part à la campagne contre les Parthes.
La première guerre judéo-romaine (66-70 apr. J.-C.) en Judée provoqua également de graves troubles entre les Grecs et les Juifs d’Alexandrie. Après avoir vainement fait appel au calme, le préfet d’Égypte, Tibère Julius Alexandre envoya la IIIe Cyrenaica et la XXIIe Deiotariana, ainsi que deux mille auxiliaires libyens dévaster le quartier juif du Delta où ils massacrèrent, pillèrent et incendièrent les maisons, faisant selon Flavius Josèphe cinquante mille victimes.
En 69, lorsque débuta l’ « Année des quatre empereurs », la légion fut parmi les premières à appuyer Vespasien; un détachement fut envoyé en Judée sous les ordres du fils de celui-ci, Titus, et prit part au siège de Jérusalem en 70.